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Décrochage scolaire

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Le mal du siècle

Ils sont des milliers à abandonner quotidiennement le chemin qui mène à leur lieu de formation. Ainsi, bon nombre de ces élèves ne terminent pas la scolarité obligatoire. Le décrochage scolaire est l'un des principaux défis auquel doit faire face l'école du XXIe siècle. Comment mieux appréhender ce fléau aux conséquences désastreuses sur le plan scolaire et, plus tard, professionnel? Une étude de Margrit Stamm, professeur à l'Université de Fribourg, aide à y voir plus clair.

Pour Margrit Stamm, ce phénomène concerne plusieurs milliers de petits Suisses. Il demeure, cependant, dur à chiffrer de manière précise en l'absence de statistiques officielles. À l'heure actuelle, en effet, aucun canton n'enregistre de manière systématique le nombre d'enfants ou d'adolescents qui sort du système éducatif. D'autant plus que tous les cas de décrochage scolaire ne sont pas déclarés. Passé l'âge de la scolarité obligatoire, ces élèves se retrouvent donc dans la nature, livrés à eux-mêmes et souvent peu armés pour affronter le futur. Ces adolescents sont, en effet, souvent sans emploi et sans diplôme.

Une vieille histoire

Il est rare de voir un enfant décrocher du jour au lendemain. Souvent, ne plus se rendre à l'école est la conséquence d'une histoire déjà chargée. Les causes du décrochage scolaire sont aussi multiples que variées mais elles tirent souvent leur origine d'un conflit. Ce dernier peut résulter d'une mésentente avec un enseignant ou un autre élève. À cela peut s'ajouter de mauvaises notes à répétition et une difficulté à s'intégrer dans le groupe.

Dans sa recherche, Margrit Stamm distingue cinq profils types: les victimes de mobbing, les individus qui en ont marre de l'école, les délinquants, les décrocheurs et, enfin, les écoliers qui souffrent de problèmes familiaux. Pour cette dernière catégorie, un divorce, un deuil, un déménagement, la maladie d'un proche ou encore des violences parentales peuvent conduire à un refus de se rendre à l'école. Dans ce cas, le problème se situe hors des murs de l'établissement scolaire.

Cercle vicieux

Le plus grand nombre de décrocheurs se situent, cependant, au niveau des individus qui expriment un certain ras-le-bol vis-à-vis de l'école. Dans ce cas, ils existe souvent un conflit larvé avec l'enseignant. Parfois aussi, les enfants de cette catégorie s'opposent à l'autorité scolaire et refusent de travailler dans le but de se rebeller contre les parents, qui possèdent des attentes trop élevées vis-à-vis de la réussite scolaire. Un cercle vicieux s'instaure alors. Leurs résultats chutent, ce qui touche à la fois à l'estime de soi et à la motivation à étudier. Les élèves ayant de moins en moins envie de travailler, leurs notes continuent de chuter. En outre, ceux qui en ont marre de l'école se sentent incompris et traités de manière injuste. Sécher les cours constitue alors un échappatoire. Au fil du temps, cela devient une habitude tellement ancrée dans leur quotidien que retourner sur les bancs d'école leur est tout simplement inimaginable. Les jeunes dans cette situation se retrouvent bien souvent à zoner dans la rue. Des problèmes de délinquance peuvent alors apparaître: vol, bagarres, deal. Sans oublier les phénomènes d'addiction: alcool, drogue et addictions aux jeux vidéos.

Dans les pays européens, la majorité des décrocheurs sont des garçons. Au cours de sa première année de recherche, Margrit Stamm a constaté que 68% des élèves qui avaient banni l'école de leur vocabulaire sont des représentants du sexe masculin. Mais au fil de son étude, ce résultat s'inverse puisqu'après trois ans d'observation, la scientifique a constaté que seuls 44% des disciples de l'école buissonnière étaient des hommes. Quant à l'origine sociale des décrocheurs: 25% sont issus de familles ayant un revenu supérieur à la moyenne, 40% de la classe moyenne. 8% vivent dans un foyer à faible revenu et faible éducation et 27% dans un foyer très pauvre au niveau d'éducation minimal (chiffres : Pro Juventute). La moitié des personnes qui a abandonné le chemin de l'école l'a fait de son propre gré. L'autre a été forcée de rebrousser chemin le plus souvent parce qu'elle a été exclue de l'école en raison de problèmes de comportement.

Espoirs à la clé

L'idée de placer, quelques mois dans une structure spécialisée, les enfants qui dérangent trop en classe est à la mode. Cette pratique est, par exemple, déjà en vigueur dans les cantons de Zurich et de Berne. L'étude de Margrit Stamm a démontré que, pour sept enfants sur dix, cette mesure fonctionnait bien. À noter que si un quart des décrocheurs se retrouvent au chômage, plus de la moitié retourne sur les bancs de l'école obligatoire ou effectue une formation professionnelle. Loin d'être une fatalité, le phénomène peut donc aussi s'inverser.

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